Pressions multiples et questionnements : que faire ?
Posté : 03 mars 2022 11:28
Bonjour tout le monde !
Je suis ici sous le pseudonyme "Lunden", j'arrive sur mes 25 ans cette année, et la découverte de ma transidentité (si je peux en parler en ces termes) remonte à la fin 2019. Voilà donc près de trois ans que j'ai pris conscience de mon identité transmasculine, et j'ai commencé quelques démarches significatives de ma transition. Aussi, je suis en couple depuis 8 ans avec un homme cisgenre, ce qui me semble être une précision importante étant donné le reste du message que je m'apprête à écrire.
En effet, depuis quelques temps déjà, je me pose une quantité de questions - souvent fermées, j'en ai bien peur - concernant ma transidentité et l'impact que ce parcours a sur mon entourage, et notamment sur mon compagnon.
La transition, je pense que beaucoup ici le savent, ce n'est pas toujours évident pour la personne qui en fait le parcours. Et ce n'est pas toujours bien plus évident pour les personnes qui entourent "l'acteur principal" de cette histoire. Et... Et je pense que c'est actuellement ce qui se passe dans ma vie, en ce moment. Ce qui n'est pas évident, d'autant plus que je suis porteur d'un handicap invisible, un Trouble du Spectre Autistique (TSA) sans déficience intellectuelle, et que mon partenaire a également ce type de handicap qui touche pour l'essentiel la communication, mais également la sensibilité émotionnelle. Pour résumer, nous sommes deux moteurs, l'un pour l'autre, seulement quand l'un déraille, les deux ont des réactions violentes, implosion d'émotions pour le premier, explosion pour le second.
Dans toute cette situation, la question de la transition est... délicate. Pas que mon compagnon soit dans le déni ou refuse que je puisse m'accomplir, parce qu'il veut mon bien. Toutefois, je sens que ma transidentité lui fait mal, de façon insidieuse et implicite, surtout à cause de la société dans laquelle on baigne.
Depuis près de trois ans, et donc depuis mon changement physique (cheveux coupés très courts et port de vêtements masculins, qui me donnent un passing en 50/50 parce que je suis large d'épaule naturellement), on ne peut plus interagir comme on veut dans la sphère publique. Nous avions l'habitude d'avoir des gestes affectueux l'un envers l'autre, de se tenir la main, mais depuis trois ans... Les regards, les rires tout bas, ou même les agressions verbales... Je sens que ça use mon compagnon, et qu'il n'est pas à l'aise avec tout ça. Je sais - et j'ai déjà discuté avec lui de ça - du fait qu'il "est hétéro" mais qu'il m'aime et qu'il ne me quitterait pas, transition ou pas, seulement je sais aussi que ce genre de situations délicates, ça le met très mal. Donc plusieurs fois, là, durant la semaine, je n'ai pas cessé de penser à ce qu'il se trame, à ce qu'on vit... :
- Dois-je stopper les démarches que j'ai commencé à faire, et qui n'ont pas encore pu aboutir (changement de prénom, mammectomie...) pour nous éviter encore des soucis à l'avenir ?
- Est-ce légitime de devoir faire subir à l'autre ses changements (ou ce que mes parents et mes beaux-parents appellent des "lubies"), au détriment de la santé mentale de son couple ?
Nous ne voulons pas nous séparer, et nous avons même pour projet d'avoir des enfants dans les années à venir. Mais j'y songe, j'y songe... Le monde est de plus en plus fourbe et violent, élever des enfants issus d'un parent transgenre et d'un parent qui ne l'est pas me semble peu à peu beaucoup plus complexe. Ou je me trompe ?
Dans quelques mois, j'ai rendez-vous avec une gynécologue qui est très sensible aux questions des personnes transgenres, cependant je dois avouer que je ne suis plus très sûr. Pas parce que je ne veux plus "être moi-même", mais plutôt que j'ai l'impression d'infliger des souffrances, encore et encore, allant de Charybde en Scylla dans mon existence.
Au plaisir de vous lire,
Lunden
Je suis ici sous le pseudonyme "Lunden", j'arrive sur mes 25 ans cette année, et la découverte de ma transidentité (si je peux en parler en ces termes) remonte à la fin 2019. Voilà donc près de trois ans que j'ai pris conscience de mon identité transmasculine, et j'ai commencé quelques démarches significatives de ma transition. Aussi, je suis en couple depuis 8 ans avec un homme cisgenre, ce qui me semble être une précision importante étant donné le reste du message que je m'apprête à écrire.
En effet, depuis quelques temps déjà, je me pose une quantité de questions - souvent fermées, j'en ai bien peur - concernant ma transidentité et l'impact que ce parcours a sur mon entourage, et notamment sur mon compagnon.
La transition, je pense que beaucoup ici le savent, ce n'est pas toujours évident pour la personne qui en fait le parcours. Et ce n'est pas toujours bien plus évident pour les personnes qui entourent "l'acteur principal" de cette histoire. Et... Et je pense que c'est actuellement ce qui se passe dans ma vie, en ce moment. Ce qui n'est pas évident, d'autant plus que je suis porteur d'un handicap invisible, un Trouble du Spectre Autistique (TSA) sans déficience intellectuelle, et que mon partenaire a également ce type de handicap qui touche pour l'essentiel la communication, mais également la sensibilité émotionnelle. Pour résumer, nous sommes deux moteurs, l'un pour l'autre, seulement quand l'un déraille, les deux ont des réactions violentes, implosion d'émotions pour le premier, explosion pour le second.
Dans toute cette situation, la question de la transition est... délicate. Pas que mon compagnon soit dans le déni ou refuse que je puisse m'accomplir, parce qu'il veut mon bien. Toutefois, je sens que ma transidentité lui fait mal, de façon insidieuse et implicite, surtout à cause de la société dans laquelle on baigne.
Depuis près de trois ans, et donc depuis mon changement physique (cheveux coupés très courts et port de vêtements masculins, qui me donnent un passing en 50/50 parce que je suis large d'épaule naturellement), on ne peut plus interagir comme on veut dans la sphère publique. Nous avions l'habitude d'avoir des gestes affectueux l'un envers l'autre, de se tenir la main, mais depuis trois ans... Les regards, les rires tout bas, ou même les agressions verbales... Je sens que ça use mon compagnon, et qu'il n'est pas à l'aise avec tout ça. Je sais - et j'ai déjà discuté avec lui de ça - du fait qu'il "est hétéro" mais qu'il m'aime et qu'il ne me quitterait pas, transition ou pas, seulement je sais aussi que ce genre de situations délicates, ça le met très mal. Donc plusieurs fois, là, durant la semaine, je n'ai pas cessé de penser à ce qu'il se trame, à ce qu'on vit... :
- Dois-je stopper les démarches que j'ai commencé à faire, et qui n'ont pas encore pu aboutir (changement de prénom, mammectomie...) pour nous éviter encore des soucis à l'avenir ?
- Est-ce légitime de devoir faire subir à l'autre ses changements (ou ce que mes parents et mes beaux-parents appellent des "lubies"), au détriment de la santé mentale de son couple ?
Nous ne voulons pas nous séparer, et nous avons même pour projet d'avoir des enfants dans les années à venir. Mais j'y songe, j'y songe... Le monde est de plus en plus fourbe et violent, élever des enfants issus d'un parent transgenre et d'un parent qui ne l'est pas me semble peu à peu beaucoup plus complexe. Ou je me trompe ?
Dans quelques mois, j'ai rendez-vous avec une gynécologue qui est très sensible aux questions des personnes transgenres, cependant je dois avouer que je ne suis plus très sûr. Pas parce que je ne veux plus "être moi-même", mais plutôt que j'ai l'impression d'infliger des souffrances, encore et encore, allant de Charybde en Scylla dans mon existence.
Au plaisir de vous lire,
Lunden