PMA en Espagne (Girexx)
Posté : 14 juil. 2020 17:46
Hello,
Ca fait un peu plus d’un an que nous avons entamé les démarches pour avoir un bébé.
J’ai lu le topic de Shadow qui raconte son parcours en Belgique, comme j’ai noté pas mal de petites différences avec notre expérience en Espagne, je vais tenter de détailler autant que possible notre aventure.
Prise de contact avec un gynécologue en France (mai 2019)
On commence par prendre contact avec un gynécologue en France. Celle qui fait le suivi annuel de ma femme ne fait pas de PMA, on nous oriente donc vers une de ses collègues dans le même cabinet. Lors du RDV on explique très brièvement notre situation : nous sommes mariés depuis plusieurs années, je suis trans, nous cherchons donc à faire une Insemination Artificielle avec Don de sperme. Elle nous dit qu’elle pense qu’on a pas le droit en France, ce qui est faux mais on entre pas dans le débat car elle nous dit que de toute façon il y a 12 à 18 mois d’attente pour avoir un don de sperme. On a pas envie d’attendre aussi longtemps, et de toute façon il me semble inenvisageable qu’un bébé ne soit pas déjà en route à cette échéance donc on clot cette partie de la discussion et on enchaine sur les possibilités en Espagne. De son expérience les cliniques d’Eugin, Ivy et Girexx sont équivalentes ce qui ne nous aide pas, mais la bonne nouvelle c’est qu’elle accepte de faire le suivi de notre PMA en France : elle nous prescrira tous les échographies, bilan sanguins et traitements hormonaux dont on aura besoin afin que l’on soit remboursé pour ces actes là. En théorie, la sécurité sociale n’autorise les médecins français à le faire uniquement pour les PMA en France mais elle trouve cette demande est absurde compte tenu des interdictions d’accès aux couples homosexuels et de la rareté du sperme qui crée des délais inacceptables.
La gynécologue nous rappellera un peu plus tard pour se corriger : elle s’est renseignée car elle n’avait jamais été confrontée à ce cas, et étant donné que mon état civil est masculin, nous avons le droit de le faire en France, elle propose de nous orienter vers le CECOS (le centre qui gère les dons de sperme) local mais nous ré-alerte au sujet des 12 à 18 mois d’attente, on décide donc de rester focalisé sur l’Espagne.
Prise de contact avec une clinique en Espagne (juin 2019)
On choisi finalement la clinique de Girexx pour la simple raison qu’ils sont basés à Girona alors que Eugin et Ivy sont à Barcelone. On habite dans le sud de la France (d’où le fait d’aller en Espagne), cela nous évitera quasi une heure de voiture aller et autant au retour.
On s’inscrit directement sur le site de Girexx, où on déclare juste vouloir faire une IAD.
On nous demande juste notre état civil et nos principales caractéristiques physiques (couleur de peau, de cheveux et des yeux, taille, poids, groupe sanguin).
Quelques jours plus tard, sans nouvelles, on les contacte par email et on reçoit très rapidement une réponse nous demandant des examens médicaux à faire pour monter notre dossier.
Examen gynécologiques :
- Frottis
- Echographie vaginale
- Hystérosalpingographie
Analyses de sang :
- Groupe sanguin et RH
- Contrôle hépatique et rénal
- Hémogramme complet
- Hormonologie (FSH, LH, Œstradiol, Hormone antimüllérienne)
- Sérologie (Rubéole, VIH 1 et 2, Hépatite B et C, Toxoplasmose, Syphilis)
En ce qui me concerne, le bilan sanguin est bien plus léger :
- Groupe sanguin et RH
- Sérologie (VIH 1 et 2, Hépatite B et C, Syphilis)
On fait rapidement tout ca, l’hystérosalpingographie se passe très bien, et tous les résultats sont bons. On envoie les résultats par email et on reçoit en retour un dossier complet qui comprend :
- les informations de la clinique (adresse, permanence téléphonique, heures d’ouvertures, liste des jours fériés)
- le protocole détaillé
- les ordonnances pour le traitement hormonal et les échographies de contrôles
- le devis
- le formulaire consentement que l’on doit signer
Le protocole est le suivant :
- J1 (= premier jour des règles) : contacter la clinique pour confirmer le début du cycle et payer un acompte de 50% pour la réservation des paillettes
- J3 : début du traitement hormonal (injection quotidienne de Gonal)
- J9 ou J10 : première échographie de contrôle folliculaire
- En fonction des résultats (= de la maturité des follicules), il y faudra refaire des échographies toutes les 48h
- Dès que les follicules sont matures (en théorie à J12, mais cela dépend de chaque personne), il faudra stopper les injections de Gonal et faire une injection d’Ovitrelle pour contrôler le déclenchement de l’ovulation (dans le cas où l’ovulation serait proche et tomberait sur un jour où la clinique est fermée, il est prévu une injection d’Orgalutran pour la retarder)
- 36h après l’injection d’Ovitrelle, (donc en théorie à J14) il faudra être à la clinique pour l’insémination (on est donc bien contents d’habiter pas trop loin de la frontière et d’être flexibles !)
Si au départ, on était pas très chaud pour une stimulation hormonale, il faut bien admettre qu’à bientôt 35 ans ma femme n’a sans doute la fertilité de ses 20 ans, on se dit donc qu’il faut maximiser nos chances et on ne discute pas ce protocole.
Une IAD coûte 980 euros, c’est un forfait qui comprend :
- l’étude de notre cas
- un RDV optionnel avec un gynécologue à la clinique ou via Skype (qu’on ne fera jamais)
- les contrôles échographiques (à condition d’aller à la clinique… ce qui est impossible en habitant en France)
- la préparation des échantillons de sperme
- l’insémination
À noter : il n'est pas possible de réserver des paillettes pour plusieurs tentatives en avance. À chaque fois, pour augmenter les chances, on part sur un nouveau donneur. Si on veut prévoir un second enfant avec le même donneur, il faut attendre que le bébé soit né pour leur demander s'il reste des paillettes pour ce même donneur, et là pouvoir en mettre de côté (s'il en reste, ce qui n'est pas sur du coup !)
Nous voilà partis pour une première tentative. On aura tout géré par email, sans rencontrer personne de Girexx.
Première tentative (juillet 2019)
Un peu avant le début du cycle, on va voir la gynécologue en France pour qu’elle nous prescrive le traitement hormonal car l’ordonnance de Girexx n’est pas valable chez nous. La boite de Gonal coute à elle seule plus de 300 euros, heureusement qu’on a trouvé quelqu’un ici pour nous suivre, le traitement sera à 100% remboursé par la sécurité sociale et notre mutuelle.
J1 : on prévient Girexx et on fait le virement de 490 euros d’acompte
J3 : première injection de Gonal (50ml), c’est un stylo avec une petite aiguille à planter dans le ventre, c’est très simple à manier et quasi indolore
J10 : première échographie, deux follicules sortent du lot et pourraient devenir matures + plusieurs tout petits qui ne donneront rien
J12 : seconde échographie, un seul follicule est mature (déception)
J13 : injection de Gonal, l’insémination est planifiée pour J16
Ma femme est très anxieuse de ce premier essai, de mon côté je reste un peu distant, sans doute pour me protéger en cas d’échec (faut avouer que c’est plus facile quand ce n’est pas son propre corps que l’on guette). On sait que les chances sont minces que cela fonctionne dès la première fois (mois de 25%) mais on espère quand même une bonne surprise.
On fait l’aller/retour vers Girexx dans la journée, on galère pour se garer près de la clinique (on commence même à envisager à ce que je dépose madame pour qu’elle ne rate pas son RDV et que je continue de chercher une place), heureusement on fini par se garer in extremis. À la clinique tout le monde est très gentil. On nous met en salle d’attente un petit moment, il n’y a que des français avec nous et je suis le seul homme. Puis on nous fait aller dans un bureau, on nous laisse un papier décrivant les paillettes qui seront utilisées (quantité de sperme, nombre de spermatozoides, mobilité, couleur de peau et de cheveux ainsi que groupe sanguin du donneur). Le docteur nous reçoit quelques minutes plus tard, il installe ma femme sur un fauteuil avec des étriers, place le spéculum, puis dépose les paillettes à l’aide d’une sorte de grosse seringue (en notant qu’un polype s’est développé à l’entrée de l’utérus, il a pu passer mais si on a besoin d’une seconde tentative il faudra d’abord le faire enlever). Ensuite il s’en va, et on nous laisse seul (elle reste allongée) un gros quart d’heure. Une infirmière nous rejoint pour aider ma femme à se relever, et on nous demander d’attendre une personne du service international. Enfin, cette dernière personne récupère le consentement signé et nous fait payer le solde de la procédure.
L’attente des résultats est assez longue pour ma femme qui compte les jours et fait plusieurs tests de grossesse, tandis que je me plonge dans le travail pour faire défiler le temps plus vite.
Cette tentative est un échec, on l’apprend la vieille de nos vacances… C’est assez difficile à encaisser pour elle, je reste positif et me focalise sur les prochaines.
Seconde tentative (octobre 2019)
On aurait aimé pouvoir enchainer, mais il faut d’abord se débarrasser du polype... On rentre de vacances début aout, notre gynécologue est en vacances… après plusieurs appels on fini par en trouver un autre disponible. Le polype est de taille raisonnable et facilement accessible, pas besoin d’intervention chirurgicale pour le faire enlever, en une consultation c'est plié, ouf !
On serait prêt pour recommencer en septembre mais… on a prévu quelques jours de vacances à l’étranger, impossible de transporter le Gonal qui doit rester au frigo. Ma femme envisage d’annuler les congés. Je reste moins impliqué émotionnellement parlant, et je vide notre agenda pour les 3 mois suivants afin de garantir que l’on puisse avoir fait 4 tentatives avant la fin de l’année. Pour moi il ne fait aucun doute qu’elle sera enceinte avant Noel.
Nous voici donc en octobre, 3 mois après le premier essai. On reste sur la même stimulation mais la gynécologue en France prescrit en plus des échographies un bilan hormonologique afin de savoir exactement où on en est du cycle (Girexx ne le demande pas). À nouveau, un seul follicule arrive à maturité (nouvelle déception).
C’est le bordel en Espagne, les indépendantistes catalans bloquent la frontière, Girexx nous recommande donc d’être sur place la veille. On prend un petit hotel pas loin de la ville, finalement le trajet aller se passe très bien. L’insémination est assez similaire avec la précédente, en revanche le retour en France est une autre histoire. Tous les accès à l’autoroute sont bloqués, on galère sur les routes secondaires encombrées, mais après pas mal de péripéties on fini par trouver notre chemin jusqu’à Figueras et de là prendre l’autoroute. Si dans notre sens de circulation il n’y a quasi personne, en face toutes les voitures sont à l’arrêt complet. On remercie Girexx de nous avoir fait venir la veille et on ne peut s’empêcher de penser aux femmes coincées dans ces bouchons paniquées de rater leur insémination…
a
L’attente des résultats est identique : elle s’angoisse et je travaille pour oublier, et le bilan est tout aussi identique : négatif
Troisième tentative (novembre 2019)
Ouf, on peut enchaîner ! Il faut avouer que la pression monte d’un cran après deux échecs…
Sur ce cycle, malgré la même stimulation, l’évolution des follicules est plus lente. L’insémination se fait à J19 mais… on a 3 beaux follicules (enfin !!)
Girexx nous met en garde contre le risque de grossesses multiples mais ne dit pas non pour autant. Si des jumeaux sont envisageables, des triplés ce serait juste la panique. On en discute avec notre gynécologue, et compte tenu des deux précédents échecs et des taux hormonaux de ma femme, elle pense que le risque de grossesse multiple est très faible, on donne donc le go à Girexx pour la suite.
Les indépendantistes ont quitté les rues, mais c’est toujours le bordel car je suis censé travaillé le jour de l’insémination et personne ne peut me remplacer. Comme je peux le faire en télétravail et que je dois finir à 10h, on décide de partir la veille et prendre un hotel, je travaillerai depuis l’Espagne, et on devrait être à l’heure à la clinique. C’est tendu car il y a du retard au boulot, mais on est là pile dans les temps. C’est un nouveau docteur qui fait l’insémination, on a un super bon feeling. Comme on ressort tôt de la clinique, on fait escale à Coulioure sur le chemin du retour. Il fait super beau, on passe une journée idéale. Franchement, ce serait la journée parfaite pour faire un bébé…
Et c’est pas si bien dire car 10 jours plus tard, pile pour mon anniversaire, on a un beau résultat positif !!
On reste modéré, on sait que les risques de fausse couche sont grands pendant les premiers mois, mais on commence doucement à y croire, à parler de prénom et d’annonce à la famille… et, lors de l’échographie de datation, la gynécologue nous apprend que la grossesse s’est déjà arrêtée.
C’est un sacré coup de massue…. L’idée de devoir tout reprendre depuis le début nous paraît juste insurmontable…
En plus de ça, si le développement de l’embryon s’est stoppé, le sac continue lui de grossir. La gynécologue nous dit que la procédure est de faire une seconde échographie 7 jours plus tard pour être vraiment sûr, mais insiste sur le fait qu’elle n’a personnellement aucun doute. Une semaine plus tard, ca donne donc, après Noel… On passe les fêtes dans une ambiance bien morose, surtout que concrètement la grossesse n’étant pas vraiment finie, les premiers symptômes se font sentir…
La seconde échographie confirme la première. Le sac étant assez gros à ce stade, il y a peu de chance qu’il s’évacue de lui même, il est donc préconisé de procéder par une aspiration et donc passage au bloc opératoire et anesthésie. Elle fait une hémorragie au milieu de l’intervention, ils sont donc contraints d’arrêter avant la fin, elle échappe tout de même à la transfusion de sang mais gagne une nuit de surveillance à la clinique.
Maintenant, il faut attendre… Soi ce qui reste sera évacué tout seul dans les prochains jours, soit il faudra prendre un médicament pour aider, soit en dernier recours une seconde aspiration pour terminer la première. Nos galères s’arrêtent enfin, quelques jours plus tard cela se fait naturellement, une échographie confirme qu’il ne reste plus rien… cette fausse couche se sera étalé sur un mois mais on va enfin pouvoir essayer passer à autre chose.
Quatrième tentative (février 2020)
Elle veut recommencer aussi vite que possible, donc on remet ca dès le cycle suivant.
On espère reproduire les 3 follicules qui nous ont porté chance, mais non, il n’y en qu’un seul.
L’insémination a lieu un vendredi, comme la dernière fois on avait passé un très bon moment après le RDV à la clinique, on choisi d’arriver le vendredi mais de rester le week-end sur la Costa Brava. Je dois travailler le samedi matin, mais je peux à nouveau le faire depuis l’hotel.
Si l’insémination se passe sans encombre, le reste est moins fun : c’est la merde au boulot, on se fait chasser de la chambre à midi alors que je fini tout juste… avant d’être rappelé en urgence quelques instants plus tard. La journée est définitivement foutu, autant rentrer chez nous au plus vite sauf que c’est tout embouteillé sur l’autoroute. Je passe cette journée dans un stress de dingue, qui contamine ma femme.
Tout ca pour se solder sur un nouveau résultat négatif.
Cinquième tentative (juin 2020)
À nouveau, on voudrait pouvoir enchainer dès le cycle suivant, mais on a prévu un séjour en amoureux pour son anniversaire, et on admet qu’une petite pause nous ferait du bien. Il s’avère que ca tombe pas si mal car on se retrouve confiné, on aura jamais pu arriver en Espagne…
Je redoutais que le confinement soit difficile à vivre pour ma femme mais étonnamment, d’être coincé par des choses qui nous dépassent ca met tout en pause. On ne parlera que peu de PMA pendant cette intervalle (même si je me doute qu’elle a le sujet pas loin en tête).
Levée du confinement, on voit sur la page Facebook de Girexx qu’ils mettent en place des dérogations pour réussir à passer la frontière. Allons-y !
On discute pas mal de la suite : pour moi, la 3ème tentative qui avait pris remet les compteurs à zéro et nous lance dans une seconde série, pour elle non, et Girexx reste très flou. Après 4 tentatives ils conseillent de passer à une FIV, mais ils nous laissent tout de même le choix final. On coupe la poire en deux : après 4 échecs on passera à la FIV, ce qui veut donc dire que cette 5ème IAD sera notre dernière. La pression.
On demande à Girexx de revoir la stimulation car on a quasi toujours un seul follicule, et ils proposent d’augmenter le dosage de Gonal à 75ml. Grace à ce changement, on sera pour une fois pile dans le calendrier avec une insémination à J14 avec… deux follicules.
L’insémination se déroule très bien, on dort sur place la vieille pour éviter tout stress le jour J, et on fait du tourisme sur le retour. Ma femme me propose d’avancer nos vacances pour ne pas subir autant l’attente des résultats. On est dans une ambiance très positive, je sens bien qu’elle est anxieuse des résultats, et qu’elle guette chaque signe sans savoir si c’est un symptôme de grossesses ou de syndrome pre-menstruel, mais on passe de bonnes journées qui lui changent pas mal les idées. On a envie d’y croire, sans doute plus fort que jamais.
Avant dernier jour de vacances, on est au restaurant, elle revient des toilettes et elle n’aura pas besoin de dire un mot, je le lis sur son visage. Je ne sais pas si un jour je pourrais oublier son regard à cet instant, en tout cas, j’ai clairement senti un truc se briser en moi en la voyant ainsi. On a l’impression que le ciel nous est tombé sur la tête…
Ca fait un peu plus d’un an que nous avons entamé les démarches pour avoir un bébé.
J’ai lu le topic de Shadow qui raconte son parcours en Belgique, comme j’ai noté pas mal de petites différences avec notre expérience en Espagne, je vais tenter de détailler autant que possible notre aventure.
Prise de contact avec un gynécologue en France (mai 2019)
On commence par prendre contact avec un gynécologue en France. Celle qui fait le suivi annuel de ma femme ne fait pas de PMA, on nous oriente donc vers une de ses collègues dans le même cabinet. Lors du RDV on explique très brièvement notre situation : nous sommes mariés depuis plusieurs années, je suis trans, nous cherchons donc à faire une Insemination Artificielle avec Don de sperme. Elle nous dit qu’elle pense qu’on a pas le droit en France, ce qui est faux mais on entre pas dans le débat car elle nous dit que de toute façon il y a 12 à 18 mois d’attente pour avoir un don de sperme. On a pas envie d’attendre aussi longtemps, et de toute façon il me semble inenvisageable qu’un bébé ne soit pas déjà en route à cette échéance donc on clot cette partie de la discussion et on enchaine sur les possibilités en Espagne. De son expérience les cliniques d’Eugin, Ivy et Girexx sont équivalentes ce qui ne nous aide pas, mais la bonne nouvelle c’est qu’elle accepte de faire le suivi de notre PMA en France : elle nous prescrira tous les échographies, bilan sanguins et traitements hormonaux dont on aura besoin afin que l’on soit remboursé pour ces actes là. En théorie, la sécurité sociale n’autorise les médecins français à le faire uniquement pour les PMA en France mais elle trouve cette demande est absurde compte tenu des interdictions d’accès aux couples homosexuels et de la rareté du sperme qui crée des délais inacceptables.
La gynécologue nous rappellera un peu plus tard pour se corriger : elle s’est renseignée car elle n’avait jamais été confrontée à ce cas, et étant donné que mon état civil est masculin, nous avons le droit de le faire en France, elle propose de nous orienter vers le CECOS (le centre qui gère les dons de sperme) local mais nous ré-alerte au sujet des 12 à 18 mois d’attente, on décide donc de rester focalisé sur l’Espagne.
Prise de contact avec une clinique en Espagne (juin 2019)
On choisi finalement la clinique de Girexx pour la simple raison qu’ils sont basés à Girona alors que Eugin et Ivy sont à Barcelone. On habite dans le sud de la France (d’où le fait d’aller en Espagne), cela nous évitera quasi une heure de voiture aller et autant au retour.
On s’inscrit directement sur le site de Girexx, où on déclare juste vouloir faire une IAD.
On nous demande juste notre état civil et nos principales caractéristiques physiques (couleur de peau, de cheveux et des yeux, taille, poids, groupe sanguin).
Quelques jours plus tard, sans nouvelles, on les contacte par email et on reçoit très rapidement une réponse nous demandant des examens médicaux à faire pour monter notre dossier.
Examen gynécologiques :
- Frottis
- Echographie vaginale
- Hystérosalpingographie
Analyses de sang :
- Groupe sanguin et RH
- Contrôle hépatique et rénal
- Hémogramme complet
- Hormonologie (FSH, LH, Œstradiol, Hormone antimüllérienne)
- Sérologie (Rubéole, VIH 1 et 2, Hépatite B et C, Toxoplasmose, Syphilis)
En ce qui me concerne, le bilan sanguin est bien plus léger :
- Groupe sanguin et RH
- Sérologie (VIH 1 et 2, Hépatite B et C, Syphilis)
On fait rapidement tout ca, l’hystérosalpingographie se passe très bien, et tous les résultats sont bons. On envoie les résultats par email et on reçoit en retour un dossier complet qui comprend :
- les informations de la clinique (adresse, permanence téléphonique, heures d’ouvertures, liste des jours fériés)
- le protocole détaillé
- les ordonnances pour le traitement hormonal et les échographies de contrôles
- le devis
- le formulaire consentement que l’on doit signer
Le protocole est le suivant :
- J1 (= premier jour des règles) : contacter la clinique pour confirmer le début du cycle et payer un acompte de 50% pour la réservation des paillettes
- J3 : début du traitement hormonal (injection quotidienne de Gonal)
- J9 ou J10 : première échographie de contrôle folliculaire
- En fonction des résultats (= de la maturité des follicules), il y faudra refaire des échographies toutes les 48h
- Dès que les follicules sont matures (en théorie à J12, mais cela dépend de chaque personne), il faudra stopper les injections de Gonal et faire une injection d’Ovitrelle pour contrôler le déclenchement de l’ovulation (dans le cas où l’ovulation serait proche et tomberait sur un jour où la clinique est fermée, il est prévu une injection d’Orgalutran pour la retarder)
- 36h après l’injection d’Ovitrelle, (donc en théorie à J14) il faudra être à la clinique pour l’insémination (on est donc bien contents d’habiter pas trop loin de la frontière et d’être flexibles !)
Si au départ, on était pas très chaud pour une stimulation hormonale, il faut bien admettre qu’à bientôt 35 ans ma femme n’a sans doute la fertilité de ses 20 ans, on se dit donc qu’il faut maximiser nos chances et on ne discute pas ce protocole.
Une IAD coûte 980 euros, c’est un forfait qui comprend :
- l’étude de notre cas
- un RDV optionnel avec un gynécologue à la clinique ou via Skype (qu’on ne fera jamais)
- les contrôles échographiques (à condition d’aller à la clinique… ce qui est impossible en habitant en France)
- la préparation des échantillons de sperme
- l’insémination
À noter : il n'est pas possible de réserver des paillettes pour plusieurs tentatives en avance. À chaque fois, pour augmenter les chances, on part sur un nouveau donneur. Si on veut prévoir un second enfant avec le même donneur, il faut attendre que le bébé soit né pour leur demander s'il reste des paillettes pour ce même donneur, et là pouvoir en mettre de côté (s'il en reste, ce qui n'est pas sur du coup !)
Nous voilà partis pour une première tentative. On aura tout géré par email, sans rencontrer personne de Girexx.
Première tentative (juillet 2019)
Un peu avant le début du cycle, on va voir la gynécologue en France pour qu’elle nous prescrive le traitement hormonal car l’ordonnance de Girexx n’est pas valable chez nous. La boite de Gonal coute à elle seule plus de 300 euros, heureusement qu’on a trouvé quelqu’un ici pour nous suivre, le traitement sera à 100% remboursé par la sécurité sociale et notre mutuelle.
J1 : on prévient Girexx et on fait le virement de 490 euros d’acompte
J3 : première injection de Gonal (50ml), c’est un stylo avec une petite aiguille à planter dans le ventre, c’est très simple à manier et quasi indolore
J10 : première échographie, deux follicules sortent du lot et pourraient devenir matures + plusieurs tout petits qui ne donneront rien
J12 : seconde échographie, un seul follicule est mature (déception)
J13 : injection de Gonal, l’insémination est planifiée pour J16
Ma femme est très anxieuse de ce premier essai, de mon côté je reste un peu distant, sans doute pour me protéger en cas d’échec (faut avouer que c’est plus facile quand ce n’est pas son propre corps que l’on guette). On sait que les chances sont minces que cela fonctionne dès la première fois (mois de 25%) mais on espère quand même une bonne surprise.
On fait l’aller/retour vers Girexx dans la journée, on galère pour se garer près de la clinique (on commence même à envisager à ce que je dépose madame pour qu’elle ne rate pas son RDV et que je continue de chercher une place), heureusement on fini par se garer in extremis. À la clinique tout le monde est très gentil. On nous met en salle d’attente un petit moment, il n’y a que des français avec nous et je suis le seul homme. Puis on nous fait aller dans un bureau, on nous laisse un papier décrivant les paillettes qui seront utilisées (quantité de sperme, nombre de spermatozoides, mobilité, couleur de peau et de cheveux ainsi que groupe sanguin du donneur). Le docteur nous reçoit quelques minutes plus tard, il installe ma femme sur un fauteuil avec des étriers, place le spéculum, puis dépose les paillettes à l’aide d’une sorte de grosse seringue (en notant qu’un polype s’est développé à l’entrée de l’utérus, il a pu passer mais si on a besoin d’une seconde tentative il faudra d’abord le faire enlever). Ensuite il s’en va, et on nous laisse seul (elle reste allongée) un gros quart d’heure. Une infirmière nous rejoint pour aider ma femme à se relever, et on nous demander d’attendre une personne du service international. Enfin, cette dernière personne récupère le consentement signé et nous fait payer le solde de la procédure.
L’attente des résultats est assez longue pour ma femme qui compte les jours et fait plusieurs tests de grossesse, tandis que je me plonge dans le travail pour faire défiler le temps plus vite.
Cette tentative est un échec, on l’apprend la vieille de nos vacances… C’est assez difficile à encaisser pour elle, je reste positif et me focalise sur les prochaines.
Seconde tentative (octobre 2019)
On aurait aimé pouvoir enchainer, mais il faut d’abord se débarrasser du polype... On rentre de vacances début aout, notre gynécologue est en vacances… après plusieurs appels on fini par en trouver un autre disponible. Le polype est de taille raisonnable et facilement accessible, pas besoin d’intervention chirurgicale pour le faire enlever, en une consultation c'est plié, ouf !
On serait prêt pour recommencer en septembre mais… on a prévu quelques jours de vacances à l’étranger, impossible de transporter le Gonal qui doit rester au frigo. Ma femme envisage d’annuler les congés. Je reste moins impliqué émotionnellement parlant, et je vide notre agenda pour les 3 mois suivants afin de garantir que l’on puisse avoir fait 4 tentatives avant la fin de l’année. Pour moi il ne fait aucun doute qu’elle sera enceinte avant Noel.
Nous voici donc en octobre, 3 mois après le premier essai. On reste sur la même stimulation mais la gynécologue en France prescrit en plus des échographies un bilan hormonologique afin de savoir exactement où on en est du cycle (Girexx ne le demande pas). À nouveau, un seul follicule arrive à maturité (nouvelle déception).
C’est le bordel en Espagne, les indépendantistes catalans bloquent la frontière, Girexx nous recommande donc d’être sur place la veille. On prend un petit hotel pas loin de la ville, finalement le trajet aller se passe très bien. L’insémination est assez similaire avec la précédente, en revanche le retour en France est une autre histoire. Tous les accès à l’autoroute sont bloqués, on galère sur les routes secondaires encombrées, mais après pas mal de péripéties on fini par trouver notre chemin jusqu’à Figueras et de là prendre l’autoroute. Si dans notre sens de circulation il n’y a quasi personne, en face toutes les voitures sont à l’arrêt complet. On remercie Girexx de nous avoir fait venir la veille et on ne peut s’empêcher de penser aux femmes coincées dans ces bouchons paniquées de rater leur insémination…
a
L’attente des résultats est identique : elle s’angoisse et je travaille pour oublier, et le bilan est tout aussi identique : négatif

Troisième tentative (novembre 2019)
Ouf, on peut enchaîner ! Il faut avouer que la pression monte d’un cran après deux échecs…
Sur ce cycle, malgré la même stimulation, l’évolution des follicules est plus lente. L’insémination se fait à J19 mais… on a 3 beaux follicules (enfin !!)
Girexx nous met en garde contre le risque de grossesses multiples mais ne dit pas non pour autant. Si des jumeaux sont envisageables, des triplés ce serait juste la panique. On en discute avec notre gynécologue, et compte tenu des deux précédents échecs et des taux hormonaux de ma femme, elle pense que le risque de grossesse multiple est très faible, on donne donc le go à Girexx pour la suite.
Les indépendantistes ont quitté les rues, mais c’est toujours le bordel car je suis censé travaillé le jour de l’insémination et personne ne peut me remplacer. Comme je peux le faire en télétravail et que je dois finir à 10h, on décide de partir la veille et prendre un hotel, je travaillerai depuis l’Espagne, et on devrait être à l’heure à la clinique. C’est tendu car il y a du retard au boulot, mais on est là pile dans les temps. C’est un nouveau docteur qui fait l’insémination, on a un super bon feeling. Comme on ressort tôt de la clinique, on fait escale à Coulioure sur le chemin du retour. Il fait super beau, on passe une journée idéale. Franchement, ce serait la journée parfaite pour faire un bébé…
Et c’est pas si bien dire car 10 jours plus tard, pile pour mon anniversaire, on a un beau résultat positif !!
On reste modéré, on sait que les risques de fausse couche sont grands pendant les premiers mois, mais on commence doucement à y croire, à parler de prénom et d’annonce à la famille… et, lors de l’échographie de datation, la gynécologue nous apprend que la grossesse s’est déjà arrêtée.
C’est un sacré coup de massue…. L’idée de devoir tout reprendre depuis le début nous paraît juste insurmontable…
En plus de ça, si le développement de l’embryon s’est stoppé, le sac continue lui de grossir. La gynécologue nous dit que la procédure est de faire une seconde échographie 7 jours plus tard pour être vraiment sûr, mais insiste sur le fait qu’elle n’a personnellement aucun doute. Une semaine plus tard, ca donne donc, après Noel… On passe les fêtes dans une ambiance bien morose, surtout que concrètement la grossesse n’étant pas vraiment finie, les premiers symptômes se font sentir…
La seconde échographie confirme la première. Le sac étant assez gros à ce stade, il y a peu de chance qu’il s’évacue de lui même, il est donc préconisé de procéder par une aspiration et donc passage au bloc opératoire et anesthésie. Elle fait une hémorragie au milieu de l’intervention, ils sont donc contraints d’arrêter avant la fin, elle échappe tout de même à la transfusion de sang mais gagne une nuit de surveillance à la clinique.
Maintenant, il faut attendre… Soi ce qui reste sera évacué tout seul dans les prochains jours, soit il faudra prendre un médicament pour aider, soit en dernier recours une seconde aspiration pour terminer la première. Nos galères s’arrêtent enfin, quelques jours plus tard cela se fait naturellement, une échographie confirme qu’il ne reste plus rien… cette fausse couche se sera étalé sur un mois mais on va enfin pouvoir essayer passer à autre chose.
Quatrième tentative (février 2020)
Elle veut recommencer aussi vite que possible, donc on remet ca dès le cycle suivant.
On espère reproduire les 3 follicules qui nous ont porté chance, mais non, il n’y en qu’un seul.
L’insémination a lieu un vendredi, comme la dernière fois on avait passé un très bon moment après le RDV à la clinique, on choisi d’arriver le vendredi mais de rester le week-end sur la Costa Brava. Je dois travailler le samedi matin, mais je peux à nouveau le faire depuis l’hotel.
Si l’insémination se passe sans encombre, le reste est moins fun : c’est la merde au boulot, on se fait chasser de la chambre à midi alors que je fini tout juste… avant d’être rappelé en urgence quelques instants plus tard. La journée est définitivement foutu, autant rentrer chez nous au plus vite sauf que c’est tout embouteillé sur l’autoroute. Je passe cette journée dans un stress de dingue, qui contamine ma femme.
Tout ca pour se solder sur un nouveau résultat négatif.
Cinquième tentative (juin 2020)
À nouveau, on voudrait pouvoir enchainer dès le cycle suivant, mais on a prévu un séjour en amoureux pour son anniversaire, et on admet qu’une petite pause nous ferait du bien. Il s’avère que ca tombe pas si mal car on se retrouve confiné, on aura jamais pu arriver en Espagne…
Je redoutais que le confinement soit difficile à vivre pour ma femme mais étonnamment, d’être coincé par des choses qui nous dépassent ca met tout en pause. On ne parlera que peu de PMA pendant cette intervalle (même si je me doute qu’elle a le sujet pas loin en tête).
Levée du confinement, on voit sur la page Facebook de Girexx qu’ils mettent en place des dérogations pour réussir à passer la frontière. Allons-y !
On discute pas mal de la suite : pour moi, la 3ème tentative qui avait pris remet les compteurs à zéro et nous lance dans une seconde série, pour elle non, et Girexx reste très flou. Après 4 tentatives ils conseillent de passer à une FIV, mais ils nous laissent tout de même le choix final. On coupe la poire en deux : après 4 échecs on passera à la FIV, ce qui veut donc dire que cette 5ème IAD sera notre dernière. La pression.
On demande à Girexx de revoir la stimulation car on a quasi toujours un seul follicule, et ils proposent d’augmenter le dosage de Gonal à 75ml. Grace à ce changement, on sera pour une fois pile dans le calendrier avec une insémination à J14 avec… deux follicules.
L’insémination se déroule très bien, on dort sur place la vieille pour éviter tout stress le jour J, et on fait du tourisme sur le retour. Ma femme me propose d’avancer nos vacances pour ne pas subir autant l’attente des résultats. On est dans une ambiance très positive, je sens bien qu’elle est anxieuse des résultats, et qu’elle guette chaque signe sans savoir si c’est un symptôme de grossesses ou de syndrome pre-menstruel, mais on passe de bonnes journées qui lui changent pas mal les idées. On a envie d’y croire, sans doute plus fort que jamais.
Avant dernier jour de vacances, on est au restaurant, elle revient des toilettes et elle n’aura pas besoin de dire un mot, je le lis sur son visage. Je ne sais pas si un jour je pourrais oublier son regard à cet instant, en tout cas, j’ai clairement senti un truc se briser en moi en la voyant ainsi. On a l’impression que le ciel nous est tombé sur la tête…