Questionnement

[Donov4n]

Bonjour à tous

Me voici nouveau sur ce forum, ou j’ai pu lire quelques uns de vos articles et donc je me suis lancé pour m’inscrire et poser à mon tour mes questions, mon ressenti, mes angoisses…

Agé de 23 ans et en questionnement depuis maintenant un long moment j’ai besoin d’avis/de conseils et je pense d’être rassuré. Étant de nature plutôt introverti je n’ose pas parlé de toutes ces choses avec mes proches alors je pense que d’en parler sur ce forum est un bon compromis pour moi.

Étant actuellement encore de sexe féminin je veux évidement être certain de vouloir devenir un homme avant de commencer tout acte médical et administratif. Mais voilà plus j’avance et plus j’en ressens le besoin, et plus je le ressens plus j’angoisse par toute cette montagne d’informations et de questions.

Je me genre au masculin depuis à peu près un an et ma famille proche est au courant de mon envie et ils l’ont tous plutôt bien accepté.

Je me sens à l’aise à l’idée d’avoir un torse plat et plus je le fais plus je ressens le besoin d’avoir ce physique. Par exemple à la plage il est impossible pour moi d’enlever mon t shirt, impossible d’aller à la piscine sans être gêné etc.

Depuis petit j’ai toujours été un « garçon manqué » comme on dit si bien, mais c’est depuis un an ou vraiment j’ai commencé à me questionner sur mon genre.

Je suis avec une fille depuis maintenant quatre ans qui m’a toujours dis que quelque chose était éteint chez moi et j’ai l’impression que ça vient de ça..
nous en avons déjà discuté et bien que ça ne sera certainement pas facile pour elle au début de voir tout ces changements elle m’encourage et me supporte.

J’ai vraiment envie de dire à tout le monde que je veux devenir un homme, en tout cas à TOUTES les personnes qui comptent pour moi, afin de pouvoir commencer les démarches pour enfin être celui que je veux être. Mais j’ai vraiment du mal à parler de ça en temps normal et ça me parait vraiment impossible par exemple d’en parler avec mes beaux parents. C’est vraiment l’angoisse pour moi.

Ensuite une question que je me pose énormément c’est concernant la parentalité.
Je sais que je veux des enfants et que c’est dans les projets avec ma copine mais est ce que nous pourrions avoir accès à la PMA en France même après une transition de ma part ??

J’ai également ÉNORMÉMENT d’appréhension concernant le psy pour la prescription chez l’endocrinologue. Je sais pas pourquoi mais j’ai cette impression que cette personne va « juger » de mon état pour devenir qui je veux etre. Enfin que le psy va me juger et que je vais être à mon procès (oui c’est un peu gros mais c’est vraiment une appréhension pour moi et donc source aussi d’angoisse). Si l’un ou l’une d’entre vous peut m’expliquer leurs rdv chez le psy peut être que ça pourrait un peu me rassurer. Car rien que d’en parler à mon médecin traitant c’est pareil ça m’angoisse alors le psy j’imagine pas…

J’ai vu dans différentes discussions que la transition pouvait être considéré comme une ALD pouvez vous m’en dire plus, en quoi ça consiste exactement ?

Enfin concernant la mammectomie j’aimerais savoir pour ceux qui l’ont fait combien ça vous a coûté, est ce que ça fait mal, et comment vous sentez vous ????

Pour tout ceux qui auront pris le temps, merci de m’avoir lu!

À bientôt

[アレクサンドル]

Bonjour Donov4n,

Sois le bienvenu sur le forum. ^^

J'ai le même âge que toi et je me reconnais bien dans certaines de tes craintes. Ce n'est pas facile de dire ce qu'on ressent et c'est déjà super d'avoir pu te confier aux personnes les plus proches de toi. Si c'est trop dur de parler aux autres directement, tu pourrais peut-être leur écrire une lettre ou demander à une connaissance commune de leur expliquer la situation. Bien sûr, cette manière de faire ne correspond pas à tout le monde, mais personnellement ça m'a beaucoup aidé en me permettant de prendre un peu de distance, de relâcher la pression. Je suis nul avec les relations sociales et j'avais très peur qu'en apprenant ma transidentité mon entourage me considère et me traite différemment, comme si j'étais devenu une autre personne. Résultat, je me suis mis à douter alors que depuis presque dix ans j'étais sûr et certain de qui j'étais et de ce que je voulais. J'avais l'impression qu'il allait y avoir une rupture, un avant et un après, quelque chose que je n'allais pas réussir à gérer. Finalement, il n'y a rien eu de tout ça. Les changements qui accompagnent ma transition, tant du point de vue physique que social, sont hyper progressifs.

Mais je me rappelle très bien à quel point ç'a été difficile de me lancer. Moi aussi j'ai beaucoup appréhendé le passage chez le psy. Un peu comme tout le monde, j'ai certainement des manies et des petits blocages, des trucs pas tout à fait nets dans ma tête, mais j'ai la chance d'avoir été toujours entouré et protégé et je n'ai pas de traumas à démêler. Tout ce qui touche à ma transidentité était déjà très clair pour moi. Je n'avais donc pas du tout envie de me retrouver face à quelqu'un qui fouille toute ma vie pour trouver des preuves de ce que j'avançais. Finalement, je me suis dirigé vers un psy connu pour donner l'attestation en un seul RDV. Et c'est une rencontre qui m'a été assez bénéfique. Il était très sympa et il a simplement voulu savoir quand et comment j'avais réalisé que j'étais trans, ce que je ressentais, si j'en avais parlé autour de moi et de quelle manière j'envisageais de transitionner. Je n'ai eu aucune question stupide sur mon enfance, rien sur ma sexualité, pas de remarques déplacées. Il m'a demandé si j'étais "sûr de moi" et répondre à cette question m'a donné un agréable sentiment de contrôle : j'ai compris que personne d'autre que moi ne pouvait savoir à ma place ce dont j'avais besoin. Je crois que c'était pile ce qui me fallait pour chasser mes derniers doutes.

Evidemment, on n'est jamais à l'abri de tomber sur un médecin mal informé qui se montre extrêmement blessant. C'est ce qui m'est arrivé avec la première endoc que je suis allé voir. Sans jamais me laisser la parole, elle m'a infantilisé pendant un bon quart d'heure, répétant que j'étais trop jeune, que je pourrais regretter, tout cela en me mégenrant. Cerise sur le gâteau, elle a demandé à examiner mon entrejambe, ce que j'ai bien entendu refusé (et puis quoi encore ?!). Mon attestation psy ne lui suffisait pas, elle réclamait un suivi plus conséquent, elle voulait être sûre qu'on avait, je cite, "sondé mon âme". On dit toujours que les endocs n'acceptent que les attestations des psychiatres ; pour elle, un psychologue aurait fait l'affaire. Comme quoi, on voit souvent le passage chez le psychiatre comme la première étape obligatoire, mais c'est un monde où chacun a ses propres règles du jeu. Après ce premier RDV désastreux, je n'ai plus jamais remis les pieds chez elle. Par la suite, j'ai trouvé une autre endoc qui, elle, ne demande même pas d'attestation. Bref, si je te raconte tout ça, c'est pour te dire que le risque d'être "jugé" par le corps médical existe bel et bien, mais qu'il ne faut pas s'en faire une montagne. Si ça se passe mal avec un médecin, ne te laisse pas abattre et n'hésite pas à en changer : tous ne sont pas des ennemis, il y en a qui sont supers.

Concernant la PMA, je te conseille de fouiller le forum, il y a plusieurs sujets qui en parlent. De ce que j'ai compris, dans l'éventualité où ce serait toi qui porterait l'enfant, tu n'aurais accès à la PMA qu'avec un état-civil féminin (et tu serais reconnu comme la "mère" de l'enfant) . Si c'est ta copine et que tu veux être reconnu comme le "père" et non comme la deuxième "mère", il te faudra un état-civil masculin.

Désolé de ne pas pouvoir répondre à toutes tes questions. J'espère que mon pavé n'aura pas été trop long à lire. Bon courage pour la suite de ton parcours !

アレクサンドル (Alexandre)

[Donov4n]

Bonjour Alexandre !

Merci pour ta réponse qui, vraiment me réchauffe le coeur car ça sent à 1000 km la bienveillance !

Effectivement je me reconnais également dans le fait que dans mes relations sociale j’ai aussi peur de ça, qu’il y ait un fossé c’est à dire un avant et un après et que les gens ne me voient plus pareil, et que nos relations changent. Biensur je me doute qu’il y aura certaines personnes ou ça sera le cas, mais c’est compliqué de se dire que ça sera pas le cas pour tout le monde dans ma tête.

Ensuite, pour les psy, les médecins etc tu as raison. L’avantage avec le corps médical c’est qu’on peut en changer si on ne se sent pas en phase avec ces gens là.

Concernant la PMA, ma conjointe porterait mais elle a de l’endo et donc ça complique énormément les choses
Mais justement je m’étais dis que si elle ne pouvait pas porter je l’aurais fais sans aucun souci et donc c’était également une question importante pour moi afin de savoir quand me lancer dans ma transition.

Merci pour toutes tes réponses et oui je vais naviguer dans le forum un peu plus

Bonne journée à toi !

[L'OursonQueer]

Salut et bienvenue sur le forum @Donov4n !

Ensuite une question que je me pose énormément c’est concernant la parentalité.
Je sais que je veux des enfants et que c’est dans les projets avec ma copine mais est ce que nous pourrions avoir accès à la PMA en France même après une transition de ma part ??

Je t'encourage à aller regarder la section "parentalités" du forum, tu y trouveras des retours d'expérience de parents trans.

L'accès à la PMA est conditionné à l'état-civil pour l'instant en France. C'est à dire que seule les personnes avec un F sur leurs papiers peuvent tenter d'entamer une grossesse par ce biais. (Hors méthode ROPA puisque celle-ci n'est pas légale en France.) Par contre, en tant que parent non-gestationnel (en gros si c'est ta copine qui souhaite porter l'enfant), vous pourrez y avoir accès que tu aies fait changer tes papiers ou non. Dans le cas où tu n'aurais pas encore un état-civil masculin au moment de la naissance de l'enfant, tu seras reconnu comme "mère" de l'enfant. Si tu as des papiers masculins, alors là pas de soucis, tu seras bien reconnu comme "père".

J’ai également ÉNORMÉMENT d’appréhension concernant le psy pour la prescription chez l’endocrinologue. Je sais pas pourquoi mais j’ai cette impression que cette personne va « juger » de mon état pour devenir qui je veux être. [...] Si l’un ou l’une d’entre vous peut m’expliquer leurs rdv chez le psy peut être que ça pourrait un peu me rassurer.

Le passage chez le/la psy pour obtenir une attestation n'est légalement pas obligatoire en France pour débuter les hormones.
Le/la psy est là, en théorie, pour t'aider dans ton cheminement et voir comment tu te situes par rapport à une possible transition.

Pour te répondre, perso j'ai eu 3 ou 4 rendez-vous (de mémoire hein, parce que ça remonte à au moins 9 ans) avec un psy qui a vérifié que je m'étais renseigné sur ce que ça signifiait de transitionner (et ce que je souhaitais en terme de transition), si j'avais fait un coming out à mes proches et globalement comment j'me sentais.
(C'est strictement personnel mais à l'époque j'y allais seulement pour qu'il me file une attest' pour commencer les hormones, j'attendais rien d'autre de lui. Si j'avais pu m'en passer, je l'aurais fait car ça n'a rien changé à ma vie ou mon ressenti.)

J’ai vu dans différentes discussions que la transition pouvait être considéré comme une ALD pouvez vous m’en dire plus, en quoi ça consiste exactement ?

J'ai fait une vidéo récapitulative il y a quelques années sur le sujet. Si tu veux davantage d'infos, je te laisse le soin de la regarder.

Mais en gros l'ALD 31 (Affection Longue Durée) c'est une affection qui sert à exonérer le ticket modérateur pour la prise en charge de certains frais liés à ta transition. Pour faire simple certains frais seront prit en charge à 100 % du tarif sécu, et tu n’auras pas à débourser / avancer d’argent.

C'est valable pour les suivis biologiques (type bilans sanguins), les consultations (psy, endoc’, gynéco, orthophoniste/phoniatre, kiné, etc.) hors dépassement, le traitement hormonal (valable seulement pour l'Androtardyl vu que l'Androgel et le Nébido ne sont pas remboursés), l'épilation laser et/ou électrolyse, les soins infirmiers (soins post op, injection) et les chirurgies (encore une fois hors dépassements d’honoraires).

La demande doit être faite par ton/ta médecin généraliste et est valable pour plusieurs années. (La durée d'une ALD varie selon les gens. A moins que ça ait changé, ça se situe entre 3 à 5 ans.)

Si tu as une mutuelle, ce n'est pas forcément utile de faire une demande d'ALD vu qu'en général ça couvre déjà les frais de transition. Surtout qu'une ALD peut potentiellement te ficher auprès des banques et assurances. (Dans le sens où ça peut être relou si tu prévois de faire un empreint bancaire par exemple.)

Enfin concernant la mammectomie j’aimerais savoir pour ceux qui l’ont fait combien ça vous a coûté, est ce que ça fait mal, et comment vous sentez vous ????

Tu trouveras pas mal de témoignages de mammec' dans la section "chirurgies du torse / témoignages".

Perso j'ai payé à l'époque un peu moins de 5 000€ ma mammectomie. (Je n'ai pas pu bénéficier d'une prise en charge.)
Niveau douleur post op ça allait. Mon torse n'est pas parfait mais je n'ai aujourd'hui plus de complexe à ce niveau. Je peux me mettre torse nu sans problème.

[Donov4n]

Bonjour L’OursonQueer

Merci pour tout ces éclaircissements et oui je vais aller fouiller dans le forum également merci

Bonne journée