
Je suis nouveau sur le forum, c’est mon premier post. Après avoir cherché et lu plusieurs sujets très intéressants ici, j'espere être au bon endroit avec ce post !
Je voulais écrire pour trouver un écho à mes questions. Pour me présenter, je suis en pleine période de questionnements, depuis 2 mois seulement, après une prise de conscience à laquelle je ne m’attendais pas.
J’ai l’impression de revivre mes questionnements de lesbienne qui se découvre à 14 ans mais avec beaucoup plus de calme et de confiance. J’ai 34 ans, et me trouve un peu “vieux” pour me découvrir trans car j’ai “accepté” mon corps féminin au moment de ma puberté et je n’ai jamais interrogé concrètement mon genre depuis, avant de rencontrer des personnes trans. Je réalise donc, seulement récemment, que la transition est concrètement possible. C’est à la fois une libération et un gouffre de questions.
À la puberté, j’ai fais une sorte de switch FtF alors que j'étais un bien beau “garçon manqué” comme on me le disait. Je ne voulais plus qu’on m'embête avec des questions du type : fille ou garçon au collège, d’autant plus que mes parents venaient de m’anoncer que je devenais une “vraie” femme avec l’apparition de mes règles. J’ai vécu ça sans trop de difficultés, j’empruntais des habits à ma mère, je n'aimais pas vraiment ça, mais c'était ok. Ensuite, j’ai découvert mon homosexualité que j’ai accepté sans trop de difficultés non plus. Je n'étais pas du tout intégré au lycée, sans conscience des normes, je ne parlais à personne mais n'ai jamais vécu de harcèlement ou de rejet, j'étais vraiment très discret. Puis j'ai eu une relation longue, neanmoins très toxique avec une femme bien plus âgée que moi et très heteronormé (elle était mère, ma prof au lycée, assez dominatrice). On s’est séparés après dix ans de relation. J'ai réalisé que j’essayais d'être quelqu’un d’autre avec elle, j’ai construit une sorte de faux-self dans ces années, une fausse personnalité pour lui plaire et je m’en sors maintenant, après environ 6 ans de rupture et autant d'années de psychothérapie.
Depuis quelques mois, la rencontre avec un homme trans qui est devenu un ami et une nouvelle psy trans fem, la transition chez moi s’est imposée comme une révélation et une déferlante, qui me procure de l’euphorie (auprès de mes ami.e.s qui n’ont aucun soucis à me genrer comme je le souhaite notamment ) mais qui a aussi rameuté tous ses copain.es de doutes, d’angoisses et d’interrogations. D’abord parce que j'éprouve assez peu de dysphorie. Mes (petits) seins et mon sexe ne me posent physiquement quasiment aucun soucis. Je n’ai pas eu de relation amoureuse ou sexuelle depuis 4 ans maintenant.
D’où mes questions ici finalement : je ne trouve pas de questions et témoignages qui correspondent aux miens. Je conçois que chaque parcours est particulier mais je me questionne sur ma légitimité au vu de mon histoire et bien sûr sur la suite. J’ai besoin d'être rassuré je pense…
Je me sens libéré par un côté : j’ai pour la première fois plaisir à chercher des vêtements pour hommes qui me plaisent alors que je me l’interdisais pour d’obscures raisons. Je pense à une transition médicale, des hormones, vite pour correspondre à ce genre que je n’ai jamais pensé pouvoir m’approprier un jour. J’ai rdv en fin de mois avec mon médecin sensé être plutôt safe même si les avis à son encontre sont mitigés… j’ai une psy très chouette, qui assiste à mon évolution et m’oriente. Mais je ne sais pas où va mon désir précisément et je me sens perdu: je n’aime pas qu’on me genre au féminin, mais seul dans ma grotte je n'éprouve pas le besoin de transitionner. Tout se passe comme si je voulais transitionner pour les autres, pour corriger leur regard alors que je me sens ok avec moi-meme au fond. J’ai en réalité beaucoup de questions et je serai heureux que des personnes qui se reconnaissent dans mon histoire me répondent ou de dialoguer avec des personnes avec lesquelles ce que je dis fait sens, car parfois je me sens comme un imposteur, privilégié du fait d’aussi peu de dysphorie, bénéficiant d’un entourage safe, et craignant les conséquences d’une transition plus concrète, physique et sociale. Je suis par exemple très inquiet des répercussions sur mon travail et ma famille : je suis bibliothécaire, j’aime beaucoup mon métier et mes collègues, une équipe composée uniquement de femmes dans laquelle je me suis fait une place et suis out comme lesbienne depuis 4 ans mais dont je doute des réactions face à la transition. Ma famille c’est un autre sujet, je ne peux pas en attendre du soutien et me prépare déjà à un éventuel rejet.
Bref, ce message est comme une bouteille à la mer d’une personne qui souhaite se jeter dans l'océan de la transition, sans bien savoir où le courant mène ni s’il y a un bon port où poser ses bagages. Mayday !