Solution de facilité

Astuces, questionnements et conseils pour passer au masculin sans aide médicale
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Sophie
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Solution de facilité

Message par Sophie » 01 avr. 2024 16:30

Bonjour,

Je débarque, je crois que j'ai surtout besoin de parler.
Prénom féminin, je me genre aussi au féminin, parce que penser à moi au masculin me donne envie de pleurer.
Je ne vais pas vous raconter toute ma vie, mais en gros je n'ai jamais été attirée par tout ce qui se défini comme féminin, j'ai eu les cheveux courts toutes mon enfance, on m'a très souvent prise pour un garçon, et je crois que j'aimais ça, quelque part.

J'aime les hommes... J'ai aimé une femme il y a longtemps, mais j'aime les hommes.
Me genrer au féminin a toujours été plus pratique et facile.
Moins... "douloureux", quelque part.

On m'a diagnostiqué un trouble du spectre autistique (TSA), j'ai donc pensé que ma difficulté à me reconnaître en tant que femme pouvait venir de là, car il est reconnu que les personnes avec autisme accordent peu d'importance au genre.
Je n'ai aucun souci avec mes parties génitales, mais je n'ai jamais accepté le reste de mon corps.
J'ai toujours été complexée par ma poitrine, j'ai subit une réduction quand j'avais 23 ans, c'était le bonheur !

Je suis tombée amoureuse d'un homme merveilleux, je me suis mariée, je suis tombée enceinte.
Mon corps n'a jamais été aussi "femme" qu'à parti de là (grossesse).
Et c'est à peu près là que j'ai vraiment ressenti cette dysphorie.
Je voulais croire que je n'étais que non-binaire, mon homme se fiche pas mal que je ne sois pas féminine.
Mais je le ressens dans mon comportement, dans ce que je ressens quand je me vois dans le miroir.
Quand je ferme les yeux, je ne suis pas cette femme que tout le monde voit.

J'écris depuis que je suis enfant et j'ai pris conscience que je n'ai jamais réussi à écrire de personnage féminin convenable, je ne lis pas non plus vraiment de roman avec de personnage féminin, parce que je ne m'identifie pas du tout au personnages féminins, je ne les comprends pas. C'est certainement aussi lié à mon TSA, mais je n'ai jamais eu ce problème vis-à-vis des hommes, dans la vie ou dans la fiction.
Et les hommes m'ont toujours bien accepté, en tant que nana-pote, voyez le genre.
J'ai toujours été ce garçon manqué, celle qui n'a peur des bestioles, de se salir, ce genre.
J'aimais bien ce rôle de "faux-mec"... du moins, je croyais.
Quand j'écris des personnages masculins, je m'y identifie beaucoup, je les "joue" pour me les comprendre, et ça engendre une sorte d'euphorie de genre qui m'effraie autant qu'elle me fait du bien.

Je pense que ma famille accepterait bien l'idée d'une transition.
Je ne sais pas pour mon mari.
Il est ouvert sur les idées LGBT en général, mais pour le peu que j'ai évoqué avec lui niveau transidentité, je ne sais pas s'il pourrait encore être avec moi si je transitionnais.
S'il pourrait vivre avec un homme. Je crois que non.
Et il y a aussi toute la transition sociale qui m'effraie énormément, évidemment. À l'école de notre enfant, notamment.

J'ai vécu presque 40 ans en tant que femme, je me dis qu'il est facile de continuer ainsi, rester cette femme pas du tout féminine, mais une femme, qui a une relation hétéro, qui est maman, c'est simple.
Balancer cette normalité (et y perdre l'homme que j'aime) pour devenir homme trans* homo, est-ce que ce n'est pas ridicule... (?)
Et en même temps, je me dis qu'il n'est pas normal d'envier les hommes trans, de pleurer en pensant à moi au masculin...

Alors évidemment, j'évite d'y penser, mais je ne supporte plus non plus mon reflet, les photos de moi.
J'essaie de faire du sport pour perdre le gras sur mes hanches et ma poitrine.
J'envisage même de refaire une réduction de poitrine si elle reste conséquente après la perte de poids...
J'ai besoin qu'elle disparaisse, ça, mon mari et ma famille le savent.
Mais, pour le reste, je me sens perdue.

Bref... J'avais besoin d'en parler.
Je ne sais pas où cette réflexion mènera.
Nulle part probablement, mais j'avais envie d'un endroit où je pouvais un peu lâcher toutes ces pensées qui m'ont fait pleurer si souvent.

Merci si vous m'avez lue jusqu'au bout.

John
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Re: Solution de facilité

Message par John » 01 avr. 2024 21:34

Bon courage à toi.
Parmi les personnes qui ne transitionnent pas ou qui détransitionnent, il y a bon nombre de personnes qui le font pour des raisons sociales comme les tiennes. Tout dépend si tu peux vivre heureux·se en continuant ta vie telle qu'elle est... ou pas. Dans tous les cas, tu n'es pas seul·e.

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Re: Solution de facilité

Message par Sophie » 02 avr. 2024 22:38

Bonjour John, merci pour ta réponse :-)

Je ne sais pas à quel point j’en souffre…
Je sais que j’ai eu des années de dépression, que je n’ai jamais eu l’impression d’être à ma place dans ma vie, qu’il me manquait quelque chose que je n’arrive à combler avec rien.

Je vis beaucoup pour les autres ou dans mon imaginaire. Écrire m’a offert la possibilité de vivre mes rêves au travers d’histoires fictives… je ne comprenais pas vraiment pourquoi je me sentais si bien dans mes histoires, pourquoi je n’arrivais pas à imaginer de personnages féminins… mais j’ai fini par comprendre que c’était parce que c’était un endroit où je peux m’imaginer ma vie et que je ne m’y vois pas au féminin.
D’où les euphories de genre quand j’écris, je me « sens » être mes perso…

Est-ce que je saurai m’en contenter ?

Je suis attirée par les hommes, mais je me rends compte qu’en les regardant, ce n’est pas juste qu’ils me plaisent… c’est aussi que je les envie ; j’ai envie d’être « beau » moi aussi.
Cependant, être considérée comme une femme rend l’attirance/les relations avec des hommes plus conventionnelles et acceptables pour la société, plus faciles en définitive.

J’essaie de me convaincre que si je transitionnais aujourd’hui, j’aurais un passing catastrophique, que mon corps me ferait des trucs bizarres, et que j’aurais droit à tous les « indésirables » possible… comme par exemple une pilosité éparse au visage.

Pourtant, j’aimerais une fois voir ce que ça ferait…

J’ai tenté de voir mon visage « au masculin » avec des filtres proposés sur certains réseaux, mais c’est toujours assez mal fait, avec déformation du nez et de la mâchoire, etc.

Au fond de moi, la peur est là pourtant je ressens cette impression qu’un jour ce sera dit… mais je ne sais pas quand car je n’ose pas. J’ai souvent parlé de transidentité avec mon mari.
J’avais demandé l’air de rien « et si c’était moi ? », il m’avait répondu de façon détachée mais sérieuse, persuadé que ça ne nous concernait pas : « on resterait amis… » Simplement.

Je ne veux pas être son juste son ami.e…

Donc bon.
Pour l’instant je suis dans cet éternel voile gris. Je me dis non-binaire, je ne suis pas féminine, tout le monde sait que je déteste mon corps, que je ne veux plus de poitrine, que j’ai un comportement très… « masculin ».
J’occulte totalement les raisons qui font que… et je vis ce que je suis dans mes histoires.
Qui sait si un jour, dans le futur, j’oserai…

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Re: Solution de facilité

Message par Wojtek » 04 avr. 2024 10:26

Salut, et bienvenue sur le forum. La phase de questionnement est plus ou moins compliquée selon les personnes, et je pense que beaucoup de gens ici peuvent se retrouver dans ce que tu décris, et se rappeler qu'ils ont eu des interrogations similaires. Je pense que le point le plus "incertain" (ce n'est pas vraiment le terme approprié mais bon) c'est la tenue du couple. Il existe tous les cas de figures : la transition fait voler en éclats certains couples, d'autres tiennent, d'autres se forment suite à la transition... Évidement c'est à chaque fois une situation particulière propre à chacun. Donc là-dessus, je me garderai de te donner un point de vue, surtout que je n'ai pas d'enfants donc je ne peux pas vraiment être de bons conseils.

Maintenant, sur l'aspect introspection nécessaire dans la détermination de son genre et la possibilité d'une transition, il y a forcément une part d'incertitude. Sur les effets que cela risque d'avoir, si on ne va pas se couper de la société, les difficultés à venir, etc. Avant la découverte de ma transidentité, je me sentais un peu comme ce que tu décris : à mes yeux je n'étais pas un homme, mais pas vraiment une femme non plus, du moins pas dans l'idée que je me faisais de ce terme, avec tout ce que ça véhiculait.

En tant qu'homme, j'aurais eu l'impression d'être un mensonge, de tricher. Et en tant que femme, je ne m'y retrouvais pas du tout. Dans mon esprit, le mieux que j'avais pour me définir c'était d'ajouter des qualificatifs tout en évitant le terme de "femme" : "une meuf punk", "une lesbienne très masculine", ce genre de choses. Ça me permettait de m'éloigner de l'idée que j'avais de ce qu'était une femme. En plus à l'époque, on ne parlait pas de non binarité donc je n'envisageais pas de genre autre que les 2 cases classiques homme/femme. Ça c'était avant de découvrir que j'étais trans.

Quand le questionnement est venu, quand je me suis aperçu qu'il était possible pour moi d'être un homme, bah en fait la phase de réflexion a été ultra rapide, genre en 15min ma décision était actée (mais bon, en vrai ça couvait depuis des années, j'avais déjà vu des photos et témoignages de mecs trans, j'en étais béat d'admiration mais je ne l'avais jusqu'alors jamais envisagé pour moi). Et ce qui m'a énormément aidé à prendre ma décision si rapidement, c'est la question que je me suis posée :

Qu'est-ce-que je risque le plus de regretter : faire une transition masculine, devenir un homme au yeux de tous, abandonner le corps que j'ai actuellement pour un corps masculin mais dont je ne sais pas encore à quoi il ressemblera ? Ou bien ne pas faire de transition, rester comme je suis, et grandir et vieillir en femme ?
La deuxième option m'a immédiatement semblée insupportable, je n'arrivais pas du tout à me projeter dans l'avenir en tant que femme, alors qu'en tant qu'homme oui, et ce malgré les difficultés annoncées. Et puis certes, on ne sait pas à quoi on va ressembler mais ça c'est le lot de tout le monde, trans ou cis. Un enfant ne sait pas à quoi il va ressembler une fois adulte.

Toutes ces réflexions m'ont permis de faire un choix il y a plus de 12 ans que je ne regrette pas aujourd'hui. On est tous différents, et chez quelqu'un d'autres cela aurait peut-être abouti à une autre voie, mais c'est un cheminement que j'ai l'habitude partager avec les personnes en questionnement parce que ça m'a bien aidé à l'époque. En tous cas, je te souhaite de pouvoir trouver le chemin qui te correspondra le mieux pour être à l'aise dans ton genre, quel qu'il soit.

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Re: Solution de facilité

Message par Sophie » 04 avr. 2024 22:59

Merci pour ton témoignage Wojtek,

Si cela ne tenait qu’à moi, aujourd’hui, avec la famille que j’ai la chance d’avoir, je pense que je sauterais le pas malgré les peurs de l’avenir et les incertitudes…
Mais je ne suis plus seule… et je reste très mal d’imaginer une rupture avec mon mari, ou tout ce que ça pourrait engendrer de potentiellement négatif pour ma fille.

J’en ai parlé avec mon lui il y a deux jours… je lui ai dit ce que je ressentais. Il m’a évidemment soutenu. Mais il m’a aussi dit qu’il ne se voyait pas vivre avec un homme, ce que je comprends, il est hétéro, on ne choisit pas son orientation. Alors même si le changement se fait petit à petit et qu’il serait possible que ses sentiments évoluent différemment et qu’il continue de m’aimer, pour moi, c’est un risque énorme.
Disons que ce risque a le même poids sur la balance que mon malêtre en tant que femme.

Dans tous les cas, il a compris que je ne me sentais pas femme et que la féminité ce n’était pas pour moi. Il accepte que je me fasse faire une réduction de poitrine… Je ne sais pas si hors transition on peut demander à un chirurgien de ne laisser que le minimum… ? Et puis ça va coûter cher, je vis en Suisse et visiblement, quand ce n’est pas pris en charge dans un contexte de santé (comme pour ma première réduction mammaire), mais purement « esthétique », c’est 15’000chf (soit plus ou moins 15k€)…
Mais pour ça, je mettrai le prix, je ne supporte plus ce corps qui rebondit à chaque mouvement, seins, ventre, hanches, cuisses… c’est un cauchemar.

En fin de compte, je me convaincs que c’est une question de physique… niveau génital, je ne ressens pas de dysphorie, je suis neutre… même si je n’aurais pas été contre le pack total masculin, ce n’est pas là que ce porte mon malêtre. C’est avant tout une question de poitrine et de visage (pilosité) pour moi.
Donc j’essaie d’apprendre à m’aimer, et je ne cherche plus à faire attention à mon attitude. Mais je me sens vraiment… « vulgaire », avec le décalage « corps féminin disgracieux » et « attitude masculine »…

Il faut que je me réapproprie mon corps. Le passage de la quarantaine qui approche n’aide pas non plus.

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Re: Solution de facilité

Message par Killian5 » 09 avr. 2024 09:26

Le temps te dira où placer ton curseur de priorité. On parle quand même de réalisation de soi aussi je suis d'avis que si c'est bien ton chemin ça restera sous jacent et le risque est de regretter d'avoir perdu du temps.
D'un autre côté c'est déstabilisant de prendre le risque de renoncer à des pilliers de sa vie.
Tu as bien compris les enjeux possibles comme par exemple la difficulté de passer de femme hétéra à homme gay (et ce n'est pas ridicule, car ce n'est pas ridicule de transitionner on commence bien de là où on est).

Il est possible de faire une mammectomie ftm sans avoir suivi une hormonothérapie, approximativement je dirais qu'en France ça va de 500 à 5000€.

Il y a un petit truc pour avoir l'impression d'une moustache masculine, c'est colorer ses poils de moustache au mascara. Je faisais ça dans ma chambre avant ma transition.

Dans tous les cas aucune solution n'est facile. Je t'envoie des bonnes ondes : )

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Re: Solution de facilité

Message par Sophie » 30 juin 2024 04:16

Pardon Killian5, je n'avais pas répondu...
Il s'est passé pas mal de choses, et rien en même temps...

J'essaie de me convaincre que ce que je ressens est faux, que je ne fais que "fantasmer" le corps de l'homme, que je suis juste mal dans mon corps, comme de nombreuses femmes qui approchent la quarantaine... Sauf que je remarque aussi que je n'arrive pas à me projeter sur une image de couple hétéro. Ou alors à la place de l'homme. Je ne me vois pas comme une femme, et mon corps me fait souffrir. Ma solution est d'éviter les miroirs, mais c'est difficile. C'est fou ce qu'il y a comme surface réfléchissante dans le monde...

J'en ai reparlé avec mon mari, il a dit qu'il fallait que j'en parle à une personne professionnelle, pour comprendre concrètement où j'en suis, mais ça me fait horriblement peur, ne serait-ce que parce que je n'ai pas envie de devoir expliquer ce que je fais et où je vais si je prends rdv et que je dois demander à ma mère d'aller chercher notre enfant à ma place à l'école, je la connais, elle demandera pourquoi, je vais où, je fais quoi, pourquoi. Et si je réponds "c'est personnel", elle ne comprendra pas, elle s'inquiètera...

Étrangement, je ne me sens pas d'en parler à ma famille alors que je sais que personne ne me rejettera. En revanche, je sais qu'il y aurait beaucoup de questions et je ne me sens pas d'affronter ça. Je n'ai pas envie d'en parler, de parler de ce que je ressens alors que je suis un peu perdu moi-même. Et comme j'ai l'impression d'être dans une impasse avec mon mari qui pourrait ne plus réussir à m'aimer en cas de transition, je n'ose pas rendre ça plus concret en en parlant davantage autour de moi. Moins j'en parle, plus je garde espoir que ce ne soit qu'une erreur de jugement de ma part.

Pourtant, je me surprends à regarder les hommes et les envier... Pas les regarder et les trouver beaux, pas ce genre de regard. Je m'arrête tout particulièrement sur leur torse plat, leur bras et leur mains... Le fait qu'ils n'aient pas de hanches aussi, mais vraiment particulièrement l'absence de poitrine et les mains...
J'ai aussi fait l'erreur de passer mon visage par un filtre qui masculinise les traits... Alors que j'avais les mêmes cernes, les mêmes défauts de peau, le même sourire qui me complexe, bah pour une fois, je me trouvais "beau"...

Depuis que j'en ai parlé à mon mari, ayant peut-être fait l'erreur de dire que je me sentais mal et moche dans mon corps, il s'efforce de me rassurer, en me répétant souvent que je suis belle, qu'il me trouve belle... Et au lieu de me faire plaisir, j'ai l'impression qu'il érige des barrière autour de mon malêtre, qu'il m'enferme dans une condition qui ne me convient pas. Et en même temps, douter me fait avoir peur de me tromper. Je me dis que si je me lance, que je perds tout, et que je réalise que je me suis trompé... Je ne sais pas ce que je ferais...

Bref, j'aurais besoin du soutien de mon mari. Et c'est le seul que je pense ne pas réussir à avoir, ou plutôt si, parce qu'il ne me rejetterait pas totalement non plus, mais ce serait trop dur de le perdre... Donc je sais pas. Je suis trop hésitant sur l'idée de changer pour oser tenter le coup au risque de tout perdre.
Ce qui a tendance à me faire croire que je me trompe peut-être, mais alors d'où viendrait ce malaise ?

Bref, c'est confus, pardon. Mais parce que je me sens complètement perdu...

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Re: Solution de facilité

Message par Lunden » 15 juil. 2024 00:22

Bonjour (ou bonsoir) Sophie,

J'ai lu avec attention ton topic, puisque nous avons des points de concordance, toi et moi.

En effet, je suis également une personne avec TSA (syndrome d'Asperger, même si l'appellation est caduque), et je suis en couple avec un homme cisgenre qui se considère comme hétéro. Pour l'annonce de ma transition, ça n'a pas été simple et cela l'a même chamboulé. Il faut savoir que j'étais très véhément au propos des transitions de genre, alors que j'étais très garçon manqué plus jeune. Mais j'ai cherché à me féminiser, à m'ultra-féminiser. En vain.

Cela fait 10 ans, un peu plus, que je suis avec mon compagnon. C'est après environ 6 ans de relation que j'ai compris que j'étais un homme trans, et que j'ai pu lui en parler. Alors, oui, il y a eu cette période de doutes, de peurs, de son côté comme du mien. Et le fait que nous étions, lui comme moi, mal à l'aise avec l'idée de passer de l'étiquette de "couple hétéro" à "couple homo", alors qu'on ne ressent pas les choses de cette façon. La chose étant qu'il a lui aussi un TSA, nous partageons le même d'ailleurs, et que dans sa façon de relationner avec les personnes, il ne se limite pas aux stéréotypes de genre et qu'il interagit de la même façon avec les hommes et les femmes en amitié. Ce qui fait que cela s'est aussi appliqué à notre couple.


Je l'ai néanmoins rassuré à de maintes fois sur la question de la parentalité, comme nous n'avons pas encore d'enfant (nous avons moins de 30 ans), et sur les opérations que je désire mener, puisqu'il a peur qu'il m'arrive quelque chose de grave.
Mais ce sont des sujets qui arrivent au fur et à mesure. Nous en parlons, nous tâtons le terrain l'un chez l'autre.
Il a beaucoup participé à ma transition de genre, et a tenté de me rassurer à de nombreuses reprises.

Par exemple, comme pour ton mari, mon compagnon m'a souvent complimenté pour me redonner confiance en moi. Cela n'a pas changé sur le fond, seulement sur la forme. Il dit "je te trouvais belle autrefois, et je te trouve beau maintenant", il me dit souvent que je suis beau, ou "belleau" pour faire de l'inclusif (et parce qu'il m'a déjà entendu lui dire, car je trouvais le mot mignon et rigolo). En tous cas, il a bien vu que, même si j'ai légèrement changé de l'extérieur (des cheveux courts avec coupe masculine, des favoris et des poils de temps en temps au menton par l'hormonothérapie prise moins d'un an, une voix plus grave, des vêtements masculins, le port de caleçons...) je n'ai pas changé à l'intérieur. Et il me donne toujours des surnoms doux et affectueux.

En bref, pour te dire que j'ai traversé des peurs plutôt similaires aux tiennes. Que mon compagnon n'a pas toujours eu des mots rassurants, parce qu'il était dans la crainte lui-même. Mais nous avons fini par parler à cœur ouvert, à communiquer pleinement à notre façon (selon des personnes toutes deux TSA) et prendre le temps d'écouter nos émotions, nos sensations, pour avancer.

J'espère que cela ira dans le meilleur des sens pour toi, avec ton compagnon, et que tu n'auras plus à te sentir dans l'inconvenance d'un tel mal-être.

Courage.

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