peut-être que l'influence des réseaux sociaux y a participé, mais je comprends de mieux en mieux la question et je me documente
Salut ! Tu fais référence à une théorie qui s'appelle "Rapid Onset Gender Dysphoria" qui est une théorie selon laquelle la transidentité pourrait être "contagieuse" via les réseaux sociaux.
Un papier scientifique a été publié sur ce sujet, créant de toute pièce cette théorie, à son origine une dame assez transphobe. Cet article est basé sur des interviews de parents ayant du mal à accepter la transidentité de leurs enfants (donc absolument pas objectif et très biaisé). L'un des biais qui faisait que ces parents avaient l'impression que la transidentité de leur enfant était sortie de nulle part était parce que leur enfant leur avait fait part de leur transidentité bien après le commencement de leur réflexion sur le sujet. Est-il possible que tu ais ce même biais auprès de ton adelphe ?
Le journal ayant publié cet article l'a depuis renié et de nombreuses preuves issues d'organisations de prise en charge de personne trans ainsi que des papiers scientifiques sont sortis, allant tous à l'encontre de cette théorie.
Cependant la théorie persiste dans l'imaginaire collectif (et tu as probablement dû en entendre parler, mais probablement pas en ces termes). Pour plus de détails, tu peux consulter cet article de blog qui debunk le tout + rajoute pas mal de références plus récentes sur la mise à jour de la littérature scientifique sur le sujet
https://juliaserano.medium.com/everythi ... 40b8afdeba (bon par contre c'est en anglais)
De ce même blog tu trouveras probablement des informations qui pourront apporter de l'eau au moulin sur la détransition / désistements :
https://juliaserano.medium.com/reframin ... 648a4fd01a
Je comprends tes inquiétudes et je me souviens d'avoir beaucoup entendu certains de tes propos chez mes parents qui s'inquiétaient du fait que je n'ai pas de suivi psy lors du début de ma prise d'hormones.
La prise d'hormone est en effet quelque chose qui a un énorme impact sur le corps, (au niveau des effets psychologiques je ne serais pas aussi tranché, la littérature scientifique est assez pauvre là -dessus et entre les biais personnels et les biais de confirmation issus de notre éducation genrée... pour moi les bienfaits psychologiques d'être dans un corps qui change "dans la bonne direction" surpasse bien plus les éventuels impacts de la testo sur le caractère "de base" d'une personne). Ce n'est pas pour autant qu'il faut surmédicaliser une transition et se dire qu'une personne est incapable de savoir ce qu'elle veut et qu'elle doit forcément avoir l'avis d'un psy pour valider sa volonté.
J'ai eu de la chance dans mes suicis psys de ne jamais avoir rencontré de personne mettant en doute ma transition, mais je suis déjà tombé sur des psys dont l'expérience personnelle (ou la connerie ?) leur faisait dire tout et n'importe quoi sur ce que je leur racontais. Une meuf est allé me dire qu'une agression sexuelle que j'avais vécu n'était pas une agression mais une "invitation". Alors si ton adelphe tombe sur un psy qui dit qu'il ne pense pas qu'il ou elle soit trans : pourquoi son point de vue serait plus important que celui de ton adelphe qui est tout de même lae mieux placé.e pour savoir ce qui est bon pour elle/lui ?
Il y a des conséquences irréversibles au traitement hormonales mais celles-ci arrivent PROGRESSIVEMENT. C'est okay si ton adelphe a envie de tester les hormones, voir ce que ça fait. Et au final arrêter trois mois plus tard si jamais iel se rend compte que ça ne lui convient pas. Les effets sur son corps seraient minimes.
Mais il y a moyen que plus ton adelphe reçoit de pression de l'extérieur style "il faut que tu sois 100% sûr de ton coup !" "tu n'es pas capable de décider, c'est forcément ton psy qui doit dire si tu es apte ou non" iel se braque et ne soit pas vraiment à l'écoute de son propre ressenti et de ses propres envie et s'enferme dans un chemin qui ne lui convienne pas (que ce soit prendre ou ne pas prendre d'hormones)
Je suis assez persuadé que présenter la prise d'hormone comme un truc certes à prendre au sérieux mais qu'il ne faut pas non plus dramatiser non plus.
J'ai moi-même longtemps suivi le fantasme de vouloir comprendre pourquoi j'étais trans. Ou à me concentrer sur plein d'autres problèmes que j'avais pour repousser la réalisation du fait que j'étais trans, et parfois sur des trucs bien moins graves que des traumas (mauvaise image de moi à cause de mon poids par exemple). Je faisais ça parce que j'avais peur de la transphobie, peur du regard des autres, peur d'aller dans cette direction pour au final que ça ne change rien à mon mal être.
A un moment j'ai arrêté. Car j'ai perdu des années à me torturer avec ces questions. Et ça n'avançait pas. Je me suis lancé sans aucune certitude, et c'est en expérimentant que j'ai trouvé que ça raisonnait vraiment en moi. Même pour la prise d'hormones je savais que c'était un truc de que je voulais tester mais je ne savais pas combien de temps j'en prendrais ou si j'étais okay avec tous les effets.
J'avais encore plein de "problèmes sous-jacents à résoudre" et j'en ai encore plein. Mais j'aurais pu autant avancer sur ces derniers en souffrant comme je l'étais avant ma transition.
Tu dis que tu ne sais même pas si tu la considèreras assez mature quand elle aura 18 ans. Mais est-ce que tu te rends compte que tu parles de dans 5 ans ? Imagine que ton adelphe aura passé plus de 5 ans de sa vie à penser et à se torturer l'esprit probablement tous les jours sur son genre, tout ça pour que tu considères qu'iel n'est pas assez mature là -dessus ? ou qu'une personne qui lui a parlé quelques dizaine d'heures est plus à même de trancher là dessus ?
Tu l'as toi-même dit, on gagne en maturité avec l'expérience. Certaines personnes pour se trouver ont besoin de voyager, d'autres d'aller faire du saut en parachute... d'autres ont besoin de tester d'autres prénoms, d'autres pronoms, d'autres apparences physiques...
Il ou elle va peut-être transitionner pour au final détransionner. Est-ce que ça veut dire que ça période de transition aura été néfaste ? Franchement probablement pas. Certains détransitionneurs vivent extrêmement mal leur détransition et c'est souvent leur parole qu'on entend le plus, mais je vois souvent passer des témoignages de personnes ayant détransitionné sur des groupes facebooks trans étant très apaisé avec leur identité, leur transition leur ayant permis d'être enfin sur de ce qu'ils ou elles voulaient dans leur vie (et souvent la réponse est plus dans le spectre de la non-binarité)
Je sens en effet beaucoup d'amour dans toutes tes craintes, mais fais attention que tes peurs ne te coupe pas de ton adelphe. Sois vraiment à l'écoute de ses joies, de ses doutes, de ses questionnements.
Quand mes parents exprimaient leurs craintes, j'avais pété des câbles car je trouvais que c'était du foutage de gueule qu'ils s'inquiètent alors que je faisais enfin quelque chose de bien pour moi alors qu'ils m'avaient laissé mariné dans la merde sur plein d'autres points. Je trouvais ça hyper infantilisant.
De leur côté ils flippaient encore plus car je n'étais absolument pas réceptifs à leur remarque et pour eux ça confirmaient leurs craintes.
Ce qui avait débloqué la situation avait été d'aller à l'association contact (
https://www.asso-contact.org/) où on avait pu mettre les choses à plats avec des interlocuteurs neutres. Il n'y a pas d'antenne dans le nord mais tu pourrais quand même les contacter, il y a probablement des possibilités de visio ou autre.
En tout cas bon courage pour tes réflexions et l'accompagnement de ton adelphe

quand une personne transitionne c'est tout son entourage qui chemine avec elle et c'est cool que tu y mettes autant d'énergie !